Jonas Hans

Ce Juif d’une grande érudition s’est d’abord fait connaître en Allemagne par sa thèse doctorale sur la gnose et, en Amérique, par ses travaux en philosophie de la biologie. Mais, s’il demeure célèbre, ce sera avant tout à cause de son ouvrage décisif sur les aspects éthiques de la technologie avancée en rapport avec l’environnement naturel, et notamment avec la vie humaine et l’ensemble de la biosphère.

«Hans Jonas est né en 1903 d’une famille juive allemande. Il a étudié auprès de somités du monde philosophique et théologique tels que Husserl, Heidegger et Bultmann. Pour des raisons évidentes, il a dû émigrer en Palestine en 1933 — année de l’accession de Hitler au poste de chancelier —, et de nouveau au Canada en 1939, pour enfin s’établir à New York de 1955 à 1976. Durant l’année académique 1982-1983, il fut professeur invité à Münich, époque où l’auteur de cet article a eu l’occasion de l’entendre lors d’une conférence à Francfort sur les nouvelles valeurs à définir. Hans Jonas mourut en février 1993.

Ce Juif d’une grande érudition s’est d’abord fait connaître en Allemagne par sa thèse doctorale sur la gnose et, en Amérique, par ses travaux en philosophie de la biologie. Mais, s’il demeure célèbre, ce sera avant tout à cause de son ouvrage décisif sur les aspects éthiques de la technologie avancée en rapport avec l’environnement naturel, et notamment avec la vie humaine et l’ensemble de la biosphère. Il se dégage du livre, qui a connu un succès énorme (plus de 150,000 exemplaires en Allemagne seulement), une sorte de vibration mystique qui caractérise les grands penseurs juifs. C’est cette audacieuse pensée éthique, marquée du sceau de l’urgence, que nous aimerions rendre accessible à un public élargi, sans toutefois en affaiblir l’argumentation.

Dans sa thèse de doctorat sur Les aventures contemporaines de la responsabilité (Université Laval, Québec, décembre 1998), Christian Boissinot accorde une place prépondérante à Hans Jonas, à côté d’Emmanuel Levinas, juif français cette fois, sans doute plus génial, mais dont la pensée et l’écriture ne se soumettent pas aisément à la vulgarisation. Du Principe Responsabilité, ce n’est du reste pas tout l’ouvrage qui puisse intéresser le lecteur d’un article d’encyclopédie. Il s’agit, en effet, d’une collection de textes assez disparates, dont plusieurs pièces furent publiées aux U.S.A. avant la parution du livre, et réaménagés par la suite pour en faire un seul ouvrage relié de façon plutôt lâche (all. p. 11), ce qui explique aussi d’inévitables répétitions. L’essentiel aurait pu être ramassé en moins de pages et dans un exposé plus simple, moins éclectique et mieux articulé. L’auteur ne se le cache pas, justifie même la difficulté de son langage. Dans un paragraphe de la préface non traduit par J. Greisch, il déclare : "Etant bien conscient de m’attaquer à un sujet hautement actuel avec une philosophie pas du tout actuelle, voire presque déjà archaïque, il ne m’apparaît pas inapproprié qu’un tension semblable s’exprime aussi dans le style (p. 11)."»

LAURENT GIROUX, «Hans Jonas (1903-1993) : le Principe Responsabilité», L’Agora, vol. 7, no 2, janvier-février 2000.

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