Chien

Le doute n'est plus permis, nous apprennent les généticiens: le chien, y compris le teckel, descend vraiment du loup. La domestication aurait eu lieu en Asie orientale, il y a 15,000 ans selon le chercheur suédois Peter Savolainen, il y a 40 mille ans selon son collègue californien Carles Vilà. Tous les chiens, y compris ceux d'Amérique auraient le même lieu d'origine. Ces faits ont été rapportés par la revue Science dans son édition du 22 novembre 2002. (Voir le commentaire du journal Le Monde.)

Le chien vu par Buffon

«Le chien, indépendamment de la beauté de sa forme, de la vivacité, de la force, de la légèreté, a par excellence toutes les qualités intérieures qui peuvent lui attirer les regards de l’homme. Un naturel ardent, colère, même féroce et sanguinaire, rend le chien sauvage redoutable à tous les animaux, et cède dans le chien domestique aux sentiments les plus doux, au plaisir de s’attacher et au désir de plaire ; il vient en rampant mettre au pied de son maître son courage, sa force, ses talents ; il attend ses ordres pour en faire usage, il le consulte, il l’interroge, il le supplie, un coup d’œil suffit, il entend les signes de sa volonté ; sans avoir comme l’homme, la lumière de la pensée, il a toute la chaleur du sentiment ; il a de plus que lui la fidélité, la constance dans ses affections : nulle ambition, nul intérêt, nul désir de vengeance, nulle crainte que celle de déplaire ; il est tout zèle, tout ardeur et tout obéissance ; plus sensible au souvenir des bienfaits qu’à celui des outrages, il ne se rebute pas par les mauvais traitements, il les subit, les oublie, ou ne s’en souvient que pour s’attacher davantage ; loin de s’irriter ou de fuir, il s’expose de lui-même à de nouvelles épreuves, il lèche cette main, instrument de douleur, qui vient de le frapper, il ne lui oppose que la plainte, et la désarme enfin par la patience et la soumission.

On sentira de quelle importance cette espèce est dans l’ordre de la nature, en supposant un instant qu’elle n’eût jamais existé. Comment l’homme aurait-il pu, sans le secours du chien, conquérir, dompter réduire en esclavage les autres animaux ? Comment pourrait-il encore aujourd’hui découvrir, chasser, détruire les bêtes sauvages ou nuisibles ?»

BUFFON, Histoire naturelle

Essentiel

Bêtise de l'homme, sublimité du chien, selon Hugo:

«Homme ! homme ! aigle aveuglé, móindre qu'un moucheron,
Pendant que dans ton Louvre ou bien dans ta chaumière
Tu vis, sans même avoir épelé la première
Des constellations, sombre alphabet qui luit
Et tremble sur la page immense de la nuit,
Pendant que tu maudis et pendant que tu nies,
Pendant que tu dis : Non ; aux astres, aux génies
Non ! à l'idéal : Non ! à la vertu : Pourquoi ?
Pendant que tu te tiens en dehors de la loi,
Copiant les dédains inquiets ou robustes
De ces sages qu'on voit rêver dans les vieux bustes,
Et que tu dis : Que sais-je ? amer, froid, mécréant,
Prostituant ta bouche au rire du néant,
A travers le taillis de la nature énorme,
Flairant l'éternité de son museau difforme,
Là, dans l'ombre, à tes pieds, homme, ton chien voit Dieu...»
Les Contemplations

Selon Rivarol, le chien et l'homme forment «la plus parfaite union en ce monde».


"Promener un chien m’a amené à découvrir la vie sous un jour différent et à renouer avec la nature. Mine de rien, c’est un rituel extrêmement exigeant qui suppose qu’on passe à travers les saisons. Il y a là un lien avec l’acceptation de la mort. Quand on est impliqué dans le rythme des saisons, on voit la nature passer d’un état à un autre, de l’arrivée des bourgeons à la chute des feuilles. On est entraîné dans le cycle de la vie. Ça finit par avoir une signification intérieure qui dépasse de beaucoup la promenade et l’observation des oiseaux. Il faut passer plusieurs fois à travers les saisons pour tout à coup se dire qu’il y a un sens là-dedans, une continuité."

Jacques Languirand. Entrevue parue dans le magazine Profil, publication de la Fédération des coopératives funéraires du Québec, printemps 2001
source en ligne: Par 4 chemins (Radio-Canada)

Articles


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On a parfois de bonnes raisons de faire contre mauvaise fortune bon coeur.

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Sur la mort d'un petit chien

Maurice Maeterlinck

Les chiens et les amis

Alphonse Karr

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