Agro-foresterie

«Agroforesterie est un nouveau mot pour désigner une pratique ancestrale, qui consiste à inclure des arbres dans le paysage agricole. Sa signification s'est raffinée, et elle englobe maintenant des arbres dont la destination est telle que le système d'utilisation des terres fournisse des aliments aussi bien que des produits forestiers, tous répondant aux besoins de l'usager du système. En même temps, le système agroforestier doit avoir une influence stabilisatrice sur l'environnement, et assurer la permanence de la production.

L'intérêt actuel pour l'agroforesterie a pris naissance parmi les forestiers, qui voyaient les terres boisées menacées par une population en expansion, demandant toujours plus d'aliments, et par suite par les agriculteurs en quête de nouvelles terres pour produire ces aliments. Leur réaction était rationnelle: chercher un moyen pour faire entrer certains aspects de l'agriculture dans l'économie forestière. En revanche l'agriculture classique — et ici j'inclus tout aussi bien l'élevage que la culture n'a pratiquement contribué en rien à alléger la pression que ses activités font peser sur les zones boisées non agricoles.

(...)

Le mot clé est celui de système. L'agroforesterie est un système d'utilisation des terres. C'est en même temps un système de production alimentaire et forestière. Ce n'est pas une production unique ou une simple technique d'aménagement, mais plutôt un ensemble complexe et interdépendant de sous-systèmes, d'éléments et de pratiques adaptées à un milieu et à des besoins particuliers.

(...)

L'agroforesterie est, implicitement, à la fois un système d'aménagement des terres et des ressources, et un système de production multiple d'aliments - végétaux et animaux- et de matières tirées des arbres, pouvant aller des aliments au combustible. Lorsque le but visé est le combustible, il concernera presque invariablement l'agriculteur, et, en règle générale, le petit agriculteur.

La technologie sera très vraisemblablement à relativement forte intensité de main-d'œuvre. L'objectif n'est toutefois pas de développer un système à faible niveau d'investissements, mais plutôt un système qui utilise ceux-ci efficacement et fournisse une production stable avec un rendement soutenu.

Lorsqu'on parle de solutions agroforestières telles qu'un système d'aménagement des ressources et d'utilisation des terres, l'objectif se situe au-delà de l'utilisateur individuel. Ainsi, lorsqu'on juge qu'un système agroforestier sera la solution pour régulariser les eaux et arrêter l'érosion sur des terrains en pente, c'est le bassin versant qui devient la cible. Les agriculteurs individuels utiliseront la technologie, mais toute la zone doit l'adopter pour qu'ils puissent en bénéficier. Dans un tel cas, la production alimentaire et ligneuse individuelle sera un élément de l'ensemble, mais qui sera entièrement subordonné à l'objectif primordial d'aménagement des ressources.

Nous avons fait mention des arbres dans le paysage. C'est probablement une approche plus rationnelle que de parler des arbres dans les terres de culture, ce qui pourrait amener à penser qu'il s'agit d'un mélange d'arbres et de cultures agricoles, qui dans la majorité des cas entraînera une baisse de rendement de ces dernières. Au contraire, parler d'arbres dans le paysage amènera à accorder le rôle dominant aux arbres là où c'est nécessaire, et aux cultures lorsque cela est approprié. On cherchera ensuite la relation qui définisse le rôle de chacun, tout en assurant la stabilité désirée et la productivité nécessaire.»

H. A. STEPPLER, "Une identité et une stratégie pour l'agroforesterie", Agroforesterie en Afrique tropicale humide, United Nations University - UNU, 1984. Reproduit sur le site de la New Zealand University Digital Project.

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