Faudra-t-il attendre le «paradigme post-matérialiste»? Ouvrir l’esprit à la science ou ouvrir la science à l’esprit?

Youri Pinard
“Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix.” 


Le fameux préambule de l’acte constitutif de l’UNESCO m’a un jour convaincu que la philosophie ne se résumait pas à un simple domaine d’étude rationnel. Il fallait la choisir comme art de vivre. C’était l’époque précieuse de la vie où l’on choisi ses idéaux, ceux qui inspireront les choix de la vie adulte. Je pensais qu’une vision donnée du monde engendre un déroulement correspondant de l’histoire.  Contrairement à d’autres, j’étais persuadé que les grandes révolutions de l’histoire ont toutes commencé par des changements profonds de façon de voir le monde.  C’est ainsi que j’en suis venu à percevoir le sens militant de la philosophie. Tel je m’imagine, tel je me comporte, tel je perçois l’autre, tel je le traite. À telle vision du monde, telle histoire.

Il ne suffisait plus de repousser des baleiniers, de lutter contre les OGM ou les inégalités sociales; il fallait s’en prendre à la pensée, à l’état d’esprit qui avait amené l’homme à croire que tous les autres êtres vivants sur la planète étaient des biens de consommation, que le monde était avant tout un marché. Le champ de cette bataille était immédiat, proche comme la veine du cou et toujours présent: il fallait oui résister aux idées pernicieuses, mais surtout découvrir celles qui construiraient mon for intérieur.

Une hiérarchie des connaissances biaisées

À l’entrée de l’âge adulte, on cherche encore ses repères et les expériences personnelles ne suffisent pas. Plein d’espoir, on entre au Cégep. C’est là que le jeune citoyen se voit octroyé une brève période pour développer sa pensée, après quoi il risque fort d’être trop occupé à servir le système tel qu’il est pour essayer de l’imaginer autrement. C’est une période très paradoxale favorisant à la fois l’ouverture d’esprit et la normalisation par exposition aux mythes organisant la société contemporaine.  C’est là qu’on m’a ouvert l’esprit à la science.

“Dans mon temps” on enseignait aux collégiens une vision très linéaire du développement de la connaissance humaine.  Les premières visions du monde étaient très superstitieuses, magico-religieuses ou symboliques. Puis sont venues les grandes religions. La philosophie en tant qu’étude rationnelle aurait triomphé du magico-religieux. Mais le sommet ultime, on y était enfin: la science serait désormais la seule forme de connaissance rationnelle légitime.  Tout le reste sombrait dans le monde obscur des valeurs ou des croyances. Les vérités scientifiques briseraient toute illusion, libérant enfin l’homme du joug de la magie et de la quête de sens. Enfin, c’était le programme. Il y avait les sciences “pures” et les autres (humaines, sociales, etc.) qui pour se purifier, se sentaient contraintes à une méthode scientifique mieux taillée pour comprendre la matière que la conscience.

C’est dans cette culture intellectuelle qu’ont baigné des générations d’étudiants candides. Un discours qui allait souvent à l’encontre de leur expérience personnelle.  Mais pour ceux qui avaient goûté à la philosophie, qui avaient un peu de poésie au coeur, ou qui trouvaient dans l’art un chemin de vérité, cette science là était plutôt castrante. Rationaliste, elle manquait cruellement d’imagination et de tolérance au mystère. Pour ma part, j’allais donc m’en tenir à mon premier amour; la science n’était pas assez ouverte à l’esprit.

Si je dresse la table sur une note personnelle, c’est par humilité académique, mais surtout parce que je sens que je ne suis pas seul à avoir mal vécu ce formatage institutionnel, cette tentative d’intimidation de l’esprit. À mon humble avis, l’enseignement d’une certaine pensée utilitaire, nimbée de l’aura empruntée de “LA SCIENCE”, banalisant alors toute autre forme d’expérience cognitive, a contribué à un profond désenchantement qui sévit toujours. Un désenchantement politiquement correct.

Une révolution scientifique?

“La prochaine grande révolution scientifique”, la conférence du Dr Mario Beauregard, invité par l’Organisation Internationale Nouvelle Acropole à Montréal à l’occasion de la Journée mondiale de la philosophie, m’a semblé importante parce qu’elle offre un regard frais sur “la” science.

Le Dr Mario Beauregard, auteur des livres Brain Wars et Du Cerveau à Dieu est l’un des initiateurs d’un Manifeste pour une science post-matérialiste. Son approche a piqué ma curiosité au point de souhaiter une entrevue pour voir si je n’allais pas me raccommoder avec cet univers.   

D’entrée de jeu, M. Beauregard affirme qu’en principe, la science est une méthode d’étude rationnelle qui devrait pouvoir se pencher librement sur les phénomènes,  y compris ceux qui concernent la conscience et la spiritualité puisqu’elles font partie de l’expérience humaine. Mais ce n’est pas le cas selon lui.

Le simple fait de vouloir investiguer la conscience est mal vu par plusieurs scientifiques. Même s’ils rechignent à expliquer ces phénomènes autrement que par une hallucination biochimique et sont prompts à réduire ces observations à des “anomalies” ou des “anecdotes”. À tel point qu’on se demande parfois si on ne fait pas preuve de mauvaise foi, sans mauvais jeu de mots.

Empiriquement, le commun des mortels fait l’expérience de la conscience ou de phénomènes mentaux supérieurs comme l’amour, le sens esthétique, la conscience de soi, le libre arbitre, la réflexion profonde, les émotions subtiles ou nobles comme la compassion.  Tout cela nous laisse sentir une identité au-delà du corps physique. M. Beauregard assume cette impression tout en cherchant à traiter le sujet d’une manière scientifique.

Le matérialisme scientifique ambiant (certains parlent de naturalisme scientifique) complique passablement cette aventure à contre courant.

L’idéologie du matérialisme scientifique

Selon Beauregard, le matérialisme scientifique tient plus de l’idéologie que de la méthode et se résume en trois dogmes.

Le Matérialisme nous dit que tout ce qui existe est constitué exclusivement de particules et de champs matériels. La réalité est essentiellement matérielle.

Le Réductionnisme explique tout système par la somme de ses parties.  On pourrait dire que c’est l’inverse de la pensée complexe.

Le Déterminisme affirme que la personnalité, la santé, les capacités mentales d’un individu sont déterminées en grande partie par son bagage génétique par exemple, ou par d’autres déterminants qui le programment.  Il est donc en quelque sorte un produit fini, pré programmé.


Nos émotions, nos croyances, nos pensées et nos expérience spirituelles sont considérées comme des produits du cerveau matériel, explicables par des processus chimiques et électriques. L’esprit n’a pas d’existence propre. Il est plutôt une sorte de produit dérivé, une hallucination, un épiphénomène du cerveau. Il est impuissant: il ne peut pas produire d’effet sur le cerveau ou sur le corps.  L’esprit est localisé, encapsulé dans le cerveau.

Cette vision dominante a eu pour conséquence de banaliser -- voire d’incriminer -- une partie importante de l’expérience subjective humaine plutôt que de tenter de l’étudier sous l’angle scientifique. Cette banalisation a sérieusement retardé l’étude scientifique de la conscience et contribué à légitimer et populariser une vision mécaniste de l’humain et de la nature. Une vision mécaniste a des conséquences sur nos vies et notre histoire, comme toute vision du monde.

Et la physique quantique alors?

On en entend tellement parler et on en connaît si peu. Comment serait-il possible que “La Science” demeure matérialiste alors que la mécanique quantique semble avoir tout dématérialisé il y a presque cent ans déjà?

Il est vrai que certains éléments de la physique quantique sont plus compatibles avec une vision non matérialiste de l’humain et de la nature. Mais il s’agit de connaissances encore peu démocratisées.

Le commun des mortels a difficilement accès à la physique quantique selon Beauregard. Les physiciens feraient peu d’efforts pour la vulgariser, confrontés au manque de connaissances mathématiques minimales permettant sa compréhension par le public. Paradoxalement, ils laissent une place vide, mais ils sont aussi très irrités par la récupération de certaines notions par les différents mouvements spiritualistes, explique t-il.

Le fait est que les connaissances qui sont maintenant admises en mécanique quantique ne sont pas nécessairement appliquées aux autres champs de la science. 

“Et lorsqu’il est question du cerveau et de la conscience, on touche des cordes sensibles et on bouscule des fondements idéologiques.“

On est encore empêtré dans le vieux conflit entre darwinistes et créationnistes. C’est un conflit idéologique très émotif et très polarisé qui mobilise énormément d’énergie militante et laisse peu de place aux nuances. Ainsi, lors de la sortie de son livre The Spiritual Brain aux États-Unis, les darwinistes ont eu vite fait de catégoriser Beauregard parmi les créationnistes, même s’il n’était aucunement question de ces sujets.

Est-ce que toutes les tribunes sont bonnes pour la science?

Sur internet, on vous voit sur toutes les tribunes, lui ai-je fait remarquer. Quand on s’intéresse à la conscience et à l’esprit, on trouve un peu de tout... N’avez-vous pas l’impression d’être parfois instrumentalisé par un courant nouvel âge?  Oui, admet-il détaché, en ajoutant que le monde religieux a aussi tendance à récupérer la partie commode de ses idées sans vouloir intégrer l’ensemble.

Mais en substance, le monde académique lui semble tellement contrôlé, idéologiquement, qu’il considère qu’il est parfois nécessaire de le contourner en exposant sur toutes les tribunes possibles les différentes preuves qui ébranlent le paradigme matérialiste.

Des preuves pour un paradigme post-matérialiste?

On peut résumer ainsi les grandes lignes des preuves scientifiques établies par Mario Beauregard et autres tenants d’un nouveau paradigme. Ces découvertes sont difficilement explicables par la science matérialiste actuelle et justifient d’en appeler à un changement de paradigme selon lui.

1. L’esprit a une influence sur l’activité cérébrale. Beauregard a démontré l’activation plus ou moins grande de certaines zones du cerveau en fonction d’exercices conscients. Il est notamment connu pour ses études sur l’activité cérébrale des Soeurs Carmélites en prière. 
2. L’esprit a une influence sur la plasticité du cerveau. Par exemple, la forme, l’épaisseur de la matière blanche et grise se sont vues modifiées.
3. L’activité mentale influence en permanence les systèmes nerveux, immunitaires et endocriniens et cette influence peut être modulée consciemment. Ces phénomènes sont déjà étudiés par la psycho neuro immunologie (PNI).
4. La conscience peut entraîner des changements épigénétiques. C’est-à-dire qu’on peut compter des exercices spirituels et conscients parmi les facteurs qui influencent l’expression ou non des gènes. Par exemple, il est prouvé que des pratiques comme la méditation Vipassana, le yoga et la prière induisent une réponse dite “de relaxation”.  Ce phénomène a prouvé qu’il pouvait littéralement “allumer ou éteindre” quelques 2000 gènes.
5. L’esprit est non-localisé. Plusieurs champs d’expérimentation semblent conclure à une interaction extérieure. L’esprit ne serait donc pas “contenu” dans le cerveau. Citons simplement la télépathie, l’interaction du mental avec des systèmes physiques comme des générateurs de nombres aléatoires ou avec des systèmes vivants.
6. L’étude des souvenirs véridiques lors d’expériences de mort imminentes (EMI) montre un nombre très significatif de perceptions et souvenirs véridiques au sujet d’événements survenus durant la période de mort clinique qui est inexplicable par la science matérialiste.


Les premières théories compatibles avec un paradigme post-matérialiste

Dans le premier chapitre d’un ouvrage collectif à paraître en 2017 dont M. Beauregard a bien voulu me faire part, et dans le manifeste pour un paradigme post-matérialiste, on retrouve les idées fondatrices de ce nouveau paradigme.  En entrevue, M. Beauregard parle aussi de spéculations métaphysiques élégantes ou de théories découlant des découvertes citées précédemment:

1. L’esprit est un plan de la réalité aussi fondamental que ceux de la matière, de l’énergie et de l’espace temps et ne peut pas être dérivé de la matière ou réduit à quelque chose de plus simple.
2. Il existe une interconnection profonde entre l’esprit et le monde physique.
3. L’esprit n’est pas contenu dans un espace ou un temps limité.
4. Les esprits individuels peuvent s’unir, ce qui suggère, semble t-il, un esprit plus large qui englobe les esprits individuels.
5. L’esprit est présent sous une forme proto-mentale dans les différents plans plus simples de la réalité comme par exemple les êtres unicellulaires ou peut-être même au niveau de particules atomiques.
6. L’esprit n’est pas impuissant et les phénomènes mentaux comme les croyances et l’imagination sont des causes qui affectent non seulement les comportements mais aussi les différents systèmes du cerveau et du corps ainsi que des éléments extérieurs à la personne.


Questionné sur les implications concrètes pour l’humanité et les individus, Mario Beauregard conclu qu’en ouvrant la science à l’esprit, “on en arrive à un réenchantement du monde”. Citons, pour conclure, ce paragraphe du manifeste qui exprime l’impact présumé de ce changement de vision du monde:

“Le paradigme post-matérialiste a de profondes implications. Il change fondamentalement la vision que nous avons de nous-mêmes, nous redonnant dignité et pouvoir en tant qu’êtres humains et en tant que scientifiques. Ce paradigme encourage des valeurs positives telles que la compassion, le respect et la paix. En mettant l’emphase sur la connexion intime entre nous-mêmes et la nature, le paradigme post-matérialiste promeut aussi la conscience environnementale et la préservation de notre biosphère. Ce paradigme nous permet également de redécouvrir ce qui a été oublié pendant 400 ans, à savoir qu’une compréhension transmatérielle vécue peut être la pierre angulaire de la santé et du bien-être. Cela a été enseigné pendant longtemps par les anciennes approches corps-esprit ainsi que par les traditions religieuses et contemplatives.”

Guérilla sceptique, matérialisme militant et guerre encyclopédique

Ces idées ne sont pas encore reçues comme des “vérités scientifiques”. Mais elles trouvent une sympathie de plus en plus marquée chez des centaines de scientifiques. Au point qu’il s’est déclenchée dans le milieu une véritable guerre idéologique digne d’une émission de télé réalité.

Beauregard admet avoir été régulièrement sujet au chahutage, à l’intimidation verbale et même physique dans les événements publiques. Son ami Rupert Sheldrake a pour sa part jouit d’une considérable visibilité lorsqu’un comité scientifique anonyme des conférences TED a retiré sa conférence de leur chaîne YouTube, cédant ainsi aux pressions des militants matérialistes, défenseurs de la pensée correcte et de la bonne science qui protègent le public contre les pseudo scientifiques...  Il s’agissait, paradoxalement, de sa désormais célèbre allocution intitulée “The science delusion” répondant à une invitation sous le thème général de “Challenging Existing Paradigms”.

Les inquisiteurs du matérialisme militant comme Richard Dawkins et Dan Dennett auraient, semble-t-il, des armées de collaborateurs qui se livrent, en plus du chahutage, à ce qu’ils appellent “Skeptic Guerilla” selon M Beauregard.  Un exemple de cette tactique de combat consiste à prendre le contrôle de Wikipedia. D’ailleurs, au cours d’une entrevue à la BBC, Rupert Sheldrake explique que l’unité de recherche sur internet de l’Université d’Oxford a étudié ce phénomène connu. Les sujets les plus visés par ce phénomène qu’elle qualifie de “editing war” sont ceux qui traitent des changements climatiques.  Dieu, Jésus, Mahomet, l’homosexualité sont aussi devenus de véritables champs de bataille encyclopédiques. Il semble que je ne sois pas le seul à croire que changer la vision du monde puisse changer le monde.

C’est ainsi que le lecteur de l’article Wikipedia sur Rupert Sheldrake se fera une idée plutôt négative du chercheur relégué au domaine “pseudo-scientifique” dans un article systématiquement réédité par ses détracteurs.

Ce seul constat devrait nous pousser à demeurer prudents vis à vis des courants de pensée dominants.  Dominent-ils par la sagesse et la véracité de leurs idées ou par la ferveur de leurs militants?

En attendant la prochaine grande révolution scientifique

En lisant les postulats de M  Beauregard, je ne peux m’empêcher de songer que ces questions sur l’esprit et ses influences sur le corps ont été profondément investiguées par d’autres voies de la connaissance. Nombre de grandes traditions spirituelles et philosophiques de l’humanité comportent une approche investigatrice et expérimentale, pas tellement éloignées par leur essence même de la démarche scientifique.

C’est le cas notamment des enseignements du Bouddha. Le Dalaï Lama et des personnalités publiques respectables comme Matthieu Ricard favorisent régulièrement les rapprochements entre spiritualité, méditation et science. On peut constater que les approches méditatives ont des millénaires d’avance sur la science en matière d’expérimentation spirituelle, permettant une compréhension fine des phénomènes cognitifs et un entraînement de l’esprit qui a des implications concrètes sur la santé physique et psychique des individus, sans compter ses impacts sur les relations entre les êtres.

Mario Beauregard propose aussi une application pratique des sciences de la conscience. En effet, il a observé que certaines ondes sont décelées dans le cerveau des Carmélites en adoration ou des personnes en méditation. Il a développé une méthode utilisant des sons, permettant de stimuler ces ondes dans le cerveau par résonance sans passer par la pratique méditative.

Même avec un nouveau paradigme, la science de l’esprit échappe donc pas à la tentation de tout expliquer, semble-t-il. Pour le philosophe, je suppose que le grand intérêt d’un paradigme post-matérialiste en science est de sortir l’esprit de son enfermement dans le cerveau. Comme pour d’autres applications compulsives de la science, les techniques visant à simuler l’état contemplatif me laissent songeur. 

J’illustrerais ce sentiment par l’allégorie de l’apnée. Il y a une discipline très intérieure permettant aux meilleurs d’atteindre plus de 100 mètres par leurs propres moyens grâce à une sorte d’abandon, de laisser être... Dans cette voie, la performance objective n’est pas le maître; c’est le dépassement de ses peurs et le dialogue entre la vie et la mort qui domine l’expérience. Même si on atteint des profondeurs objectivement plus impressionnantes, on perd quelque chose de cette expérience profonde lorsqu’on plonge à la recherche des chiffres et de la performance utilisant des poids et des flotteurs pour briser des records.

Vivre en philosophe

Même si la vision matérialiste du monde ne tient plus la route, elle continue de dominer en science et dans les systèmes sociaux.  Vivement un nouveau paradigme en science, mais si on en juge par la très lente démocratisation de la physique quantique, il est peut-être vain d’attendre que la science post-matérialiste se socialise.

La vie en conscience demeure le choix sincère de chacun, qui ne peut espérer grand support de la science politiquement correcte.

Les solutions à nos inextricables problèmes individuels et planétaires ne se trouvent pas dans plus de science.  Il suffit de lire les travaux de l’ONU et de l’UNESCO, etc. pour voir que les solutions aux différents problèmes écologiques et humanitaires sont connues au niveau rationnel. Mais dans un monde ou l’esprit n’existe pas, comment appliquer la maxime selon laquelle:  “c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix” ?

La seconde partie de la conférence de novembre dernier à l’occasion de la Journée mondiale de la philosophie impliquait Denis Bricnet, directeur à Nouvelle Acropole. Soulignant la relative nouveauté du matérialisme et en même temps ses échecs, il suggérait la redécouverte d’un “paradigme Pré-Matérialiste”.

Quand Saint-Exupéry écrivait que l’essentiel est invisible pour les yeux et qu’on ne voit bien qu’avec le coeur, il n’appelait pas de ses voeux l’invention d’un plus puissant microscope… Où est passé cet essentiel qu’on ne voit qu’avec le coeur? Qui nous aura convaincu que ce que nous sentons comme essentiel n’est qu’hallucination d’un ordinateur de viande? 

Nous avons tous des valeurs profondes.  Nous avons tous le sentiment d’Être, une capacité d’observation de notre état intérieur et un certain pouvoir de transformation.  Nous sommes tous aptes, à un degré ou un autre, à la compassion, au courage, à l’amour.  Nous avons tous une soif plus ou moins assumée de sagesse, de beauté.  

Faut-il attendre la démocratisation d’un paradigme post-matérialiste en science pour oser l’esprit, pour donner libre court à cette soif en toute légitimité ?  Personnellement, je ne suis pas de nature patiente...

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