Un temple grec

Prosper Mérimée
La matinée était belle; la vue des montagnes de l'Attique et du Péloponèse me ravissait, et jamais, je pense, je ne m'étais trouvé dans une disposition plus favorable à l'admiration. Cependant, je l'avoue, le vue de ces colonnes de marbre blanc me déconcerta, et je regrettais l'aspect grandiose et les profils sévères du dorique de Poestum. Le soleil brillait dans un ciel sans nuages, la terre était blanche et semblable à de la cendre; tout étincelait à mes yeux, tout m'éblouissait. Sous l'atmosphère sèche et transparente de l'Attique, la perspective aérienne est tout autre que dans nos climats du Nord. Qu'on se figure des colonnes, des murailles d'un blanc de lait resplendissant de lumière. Le côté de ces colonnes qui reflétait le soleil semblait adhérer au mur de la cella, éclairé tout aussi vivement; et il m'était impossible de voir la cella à un autre plan que les colonnes du portique qui l'entoure. Quant aux chapiteaux, ils réfléchissaient les rayons du soleil comme s'ils eussent été de porcelaine, et je cherchais vainement à en distinguer le galbe. Leur apparence était pour moi celle d'une portion de cône tronqué. Il me fallut plusieurs jours pour m'accoutumer à ce marbre blanc et à la lumière qui l'inonde.

À lire également du même auteur

Notes sur l'abbaye de Vézelay en 1834
En qualité d'inspecteur des monuments historiques, Mérimée entreprend en 1834 un voyage dans le m




Articles récents