Séminaire 2011-2012

Michel Tibon-Cornillot

Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales

Intitulé général : anthropologie des techniques 2011-2012 En route vers la planète radieuse

2e, 4e et 5e mardis du mois de 17 h à 19 h (salle 5, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 8 novembre 2011 au 26 juin 2012

Renseignements : auprès de l'enseignant par courriel ou ☎ 06 68 25 67 57.
Direction de travaux : les étudiants peuvent prendre rendez-vous par courriel ou ☎ 06 68 25 67 57.
Réception : contact par courriel ou ☎ 06 68 25 67 57.


Niveau requis : ce séminaire est ouvert aux auditeurs sur simple présentation mais si le suivi du séminaire s'insère dans le cadre d'un projet universitaire, on notera qu'il suppose une formation solide en philosophie, épistémologie et histoire des sciences et des techniques.
courriel: tiboncor@ehess.fr

Le séminaire de cette année s’inscrit dans un contexte marqué par de nombreuses guerres et par des inquiétudes croissantes concernant la dégradation des différents milieux sociaux et environnementaux qui permettent la survie terrestre des sept milliard de mammifères humains. Ces analyses qui semblaient caractériser, il y a quelques années, les esprits chagrins, sont maintenant majoritaires ; elles contribuent aussi à la disparition du respect quasi religieux qui auréolait les développements scientifiques, techniques et industriels.
Malgré les apparences, la situation actuelle des sciences et des techniques est devenue problématique et les remises en question de leurs activités croissent au même rythme qu’elles se répandent à la planète entière. Cette situation instable est liée aux interpénétrations de plus en plus étroites entre des circulations financières complètement folles, des développements économiques et industriels toujours plus inégaux et des recherches techno-scientifiques belliqueuses et toxiques. Des populations de plus en plus nombreuses, de plus en plus étrangères à la « Weltanschauung » occidentale sont directement convoquées à adopter les modes d’existence des sociétés industrielles et doivent répondre sans tarder à cette convocation. Le «forçage» actuel est d’autant plus dangereux qu’il s’inscrit dans le cadre des épisodes coloniaux et impériaux menés par les élites blanches de l’Europe occidentale, puis d’Amérique du Nord, et ce, depuis cinq siècles. Ces épisodes sont à l’origine d’immenses massacres, dans les deux Amériques, en Chine, en Inde et dans bien d’autres contrées.
On montrera aux étudiants que les techno-sciences contemporaines forment avec l'industrialisation, l’un des substrats essentiels des vagues expansionnistes actuelles. Que ce soit sous la forme directe des armements vendus aux clients « sous-développés », des armements « dernier-cri » testés par les nations industrielles dans leurs guerres « démocratiques » contre les pays détenteurs de richesses énergétiques, ou bien sous la forme indirecte des impératifs économiques, financiers et symboliques, les techniques et les sciences occidentales sont au cœur du désastre que nous sommes en train de vivre.
On leur rappellera qu’en quarante ans, l’informatique et les ordinateurs, ces machines logico-mathématiques, entièrement tributaires de l’histoire des formalismes au sein des sciences occidentales, se sont diffusés dans le monde entier et s’imposent en tant que prisme privilégié permettant d’aborder tous les aspects du « réel », de ce réel mobilisé totalement dans la vision numérisée du monde. La visibilité actuelle de cette expansion pose alors de graves problèmes aux responsables de ces milieux scientifiques et techniques qui risquent de se voir attribuer des responsabilités fatales dans les guerres néocoloniales ou dans des dysfonctionnements importants liés à des pratiques industrielles en train de déferler (nucléaire, génétique, alimentation, etc.)
Ces perspectives semblent plutôt désastreuses mais ne sont pas forcément irrémédiables. Il faut pour cela introduire des distinctions permettant de rechercher d’autres orientations plus attrayantes. C'est pourquoi on proposera aux étudiants de développer des recherches autour des liens entre les savoir-faire techniques et les savoirs scientifiques en montrant que ces domaines ne sont pas nécessairement réductibles l’un à l’autre. On développera enfin de façon critique l’une des composantes de la pensée scientifique occidentale, son rapport consubstantiel au thème de l’infini relu dans le contexte du progrès.




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