Beccaria Cesare

1738-1794
Inspiré par David Hume, par Montesquieu et par les encyclopédistes français, Beccaria s'intéresse très tôt aux questions liées à l'équité du système judiciaire. Il signe son chef d'œuvre à vingt-six ans avec Des délits et des peines (1764) qui pose les bases de la réflexion juridique moderne. Certains des arguments avancés sont déjà anciens, mais Beccaria en fait une parfaite synthèse d'autant plus neuve qu'elle est dégagée de tout modèle religieux. Il veut établir les fondements et les limites du droit de punir ; il recommande de proportionner la peine au délit. Dénonçant la cruauté de certaines peines comparées au crime commis, il juge barbare la pratique de la torture et la peine de mort, et recommande de prévenir le crime plutôt que de le réprimer.

Très rapidement traduit de l'italien en français (1765) pui en anglais (1768), l'ouvrage reçoit l'aval des philosophes encyclopédistes comme Voltaire ou Diderot. Beccaria propose une démonstration, la première du genre, qui l'amène à affirmer que la peine de mort n'est "ni utile, ni nécessaire". Il la qualifie de « crime judiciaire ».

En 1768, on crée pour lui à Milan une chaire d'économie politique où il enseigna pendant deux ans, de 1769 à 1770. Il se propose de rédiger un grand ouvrage sur la législation en général, mais ne met pas le projet à exécution. A partir de 1770, il devint haut fonctionnaire dans l'administration milanaise, alors sous domination autrichienne. Le « Rousseau des Italiens » inspire les réformes judiciaires menées en Suède en 1772 et en France en 1780, qui abolissent la torture. Les cas passibles de peine de mort sont réduits drastiquement partout en Europe entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle. Beccaria est publié en 1777 aux États-Unis, où il inspire Thomas Jefferson.

Quelques principes posés par Beccaria dans Des délits et des peines :

« Nullum crimen nulla poena sine lege » (en français : Pas de crime, pas de punition sans loi)
« La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une loi établie et promulguée antérieurement au délit et légalement appliquée. »
« Nul ne peut être arrêté, accusé ni détenu que dans les cas déterminés par la loi et selon les formes qu'elle a prescrites. »
« La loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société.»
« Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il soit déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne sera pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi. »

Ces principes sont aujourd'hui les piliers de la justice.

Ses leçons n'ont été imprimées qu'après sa mort, en 1804. Beccaria avait participé en 1764 et 1765 à une publication périodique analogue au Spectateur, le Café (1764-1766), où étaient traités divers sujets de littérature et de philosophie.

Source imprimée : Dictionnaire universel d'histoire et de géographie contenant l'histoire proprement dite, la biographie universelle, la mythologie, la géographie ancienne et moderne, par Marie-Nicolas Bouillet, Alexis Chassang, Paris, Hachette, 1878

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