Avarice

Le grippe-sous selon Théophraste

Le comportement d'un grippe-sous, c'est une absence de générosité en ce qui concerne la dépense, et le grippe-sous est du genre , le jour où il a remporté le prix du concours, à dédier à Dionysos une plaquette de bois où est inscrit tout simplement son nom. Demande-t-on au peuple des contributions volontaires, il se tait ou se lève pour se retirer de l'assemblée.
Marie-t-il sa fille, il fait vendre les viandes du sacrifice sauf celles destinées aux prêtres et prend en location pour la noce des serviteurs qui doivent apporter leur propre repas ! Lorsqu'il est commandant d'un navire, il fait disposer pour lui sur le pont les couvertures du pilote et retirer les siennes.
Il est homme encore à ne pas envoyer ses enfants à l'école quand vient la fête des Muses et à prétendre qu'ils sont malades, afin qu'ils n'aient pas à y participer.
A-t-il acheté ses viandes au marché, il les rapporte lui-même, avec les légumes, dans le pli de son vêtement. (8) Chaque fois qu'il a donné son manteau à laver, il reste chez lui !
Un ami sollicite un prêt et en a discuté avec lui : dès que notre homme le voit venir, il rebrousse chemin et rentre chez lui en faisant le grand tour.
Pour sa femme – et elle lui a cependant apporté une belle dot –, il n'achète pas de servante, mais prend en location au marché des femmes un esclave pour l'escorter dans ses sorties. Il porte des chaussures maintes fois ressemelées et affirme que ça vaut de la corne... Sitôt levé, il nettoie la maison et épuce les lits. Quand il s'assied, il ramène à son côté le vieux manteau qu'il porte sans rien par-dessous.

THÉOPHRASTE, Les Caractères (20 à 30), Nouvelle traduction annotée
par Marie-Paule LOICQ-BERGER (janvier 2002),  Chef de travaux honoraire de l'Université de Liège.

Essentiel

«L’économie ne veut rien consommer en vain; l’avarice ne veut rien consommer du tout» (Jean-Baptiste Say, Traité d’économie politique).

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