La fuite de l'enfance

Émile Nelligan
Nelligan a lu Rimbaud: «Pressentant violemment la voile...»
Par les jardins anciens foulant la paix des cistes,
    Nous revenons errer, comme deux spectres tristes,
    Au seuil immaculé de la Villa d'antan.

    Gagnons les bords fanés du Passé. Dans les râles
    De sa joie il expire. Et vois comme pourtant
    Il se dresse sublime en ses robes spectrales.

    Ici sondons nos coeurs pavés de désespoirs.
    Sous les arbres cambrant leurs massifs torses noirs
    Nous avons les Regrets pour mystérieux hôtes.

    Et bien loin, par les soirs révolus et latents,
    Suivons là-bas, devers les idéales côtes,
    La fuite de l'Enfance au vaisseau des Vingt ans.

À lire également du même auteur

Ma mère
Le poète est fils de la poésie.




Articles récents