Éclaircies du silence

Cajetan Larochelle

Là où je me trouverai un jour, moi,

le compagnon d’ombre de ces lieux,

n’aurai-je, plus que jamais, besoin

d’éclaircies du silence?

 

Et toi, visiteur,

quand errant,

à petits pas,

de terrasses en étroits plateaux,

tu t’en iras apprivoisant

le serpent de pierres

qui jouxte le sentier,

jusqu’à la rivière,

assieds-toi

sur ce muret de dalles sèches

et recueille-toi

sous les arches branchues

de ma chênaie.

 

Comme la forêt noble,

sertie de glands,

nourris ce monde

de tes propres fruits.

 

Ton âme,

ne porte-t-elle pas

la Vastitude oubliée?

 

Pierres et arbres,

ne vous ai-je dressés,

en secret,

contre l’horrible roue

de l’Irréparable?

 

Ce domaine parle

de mes soliloques

émaillés de silences;

promesses de beautés tenues

par l’humble geste

du jardinier, du maçon.

 

Prières adressées,

en dernier recours,

aux humains qui déboussolent

les migrations magnétiques

d’outardes.

 

Chemin faisant,

noue tes bras

aux branches oblongues

des pins blancs.

Inspire leur souffle,

messager de l’Ineffable.

 

Mais ne laisse,

sur ton passage,

pas plus de bruit

que l’empreinte

du passeur en allé.

 

Visiteur attardé

sous les vitraux de feuillages,

tend l’oreille

aux gammes de verre

de l’oriole de Baltimore.

 

Et quand tu enjamberas

l’escalier de pierres,

ne t’étonne pas,

si, d’occasion,

une brise t’effleure,

 

de mon âme ailée

à la tienne.

 

Cajetan Larochelle

 

 


 

 




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