Masculinité

Enjeux

Un tableau des changements survenus en France au cours des dernières décennies, dont la pertinence vaut pour les autres sociétés occidentales:

"Pendant de (très) longues années, tout était (très) simple: le monde était divisé en deux, les hommes au boulot, les femmes aux fourneaux et aux berceaux. Une bonne santé et de bons muscles suffisaient à l’homme pour accomplir son devoir, l’esprit tranquille: travailler dur pour nourrir sa famille. Seulement voilà, l’évolution socio-économique des quarante dernières années a totalement remis en cause ce schéma simple et rassurant. La révolution féministe étant passée par là, les femmes ont massivement investit le monde du travail en revendiquant dans la foulée une multitude d’avancées sociales: l’égalité des salaires, la parité en politique, dans l’entreprise, le partage des tâches au sein du couple, dans l’éducation des enfants, etc. Dès les années 70, la législation officialise ces changements de société. La loi du 4 juin 1970 met fin à la toute-puissance paternelle en remplaçant la notion "d’autorité paternelle" par celle "d’autorité parentale", les deux époux assurant ensemble la direction morale et matérielle de la famille. En 1972, une loi pose le principe de l’égalité des rémunérations pour les travaux de valeur égale, en 1975, l’avortement est légalisé, en 1983, la loi de finances élimine la notion de chef de famille en droit fiscal, etc.

Ajoutez à cela les conséquences de la crise économique - chômage, précarité - et quelques abus symboliques (que penser d’une société où la femme peut enfanter en refusant la maternité, en accouchant sous X, alors qu’un homme, depuis la mise au point des tests ADN, est contraint et forcé d’assurer sa paternité?) et voilà l’homme des sociétés post-industrielles, encore tout ébahi d’avoir dégringolé si vite de son piédestal, en quête d’une nouvelle identité.

Bousculé, remis en question, l’homme moderne a compris qu’il lui fallait s’adapter s’il voulait survivre. Et puisque les valeurs machistes ne sont plus de saison, plus question de renoncer à sa part de féminité.

Première revendication: leur place de père. Les femmes leur ont longtemps reproché d’être démissionnaires? Voici la génération des “nouveaux pères”. Sans tomber dans les excès post-soixante huitard en jouant les mamans-bis -incarnée à l’écran par l’inénarrable Saddy Rebot dans la série “Papa Poule”- ils sont de plus en plus nombreux à s’investir dans l’éducation de leurs rejetons. (...)

Enfin, dernière revendication de l’homme moderne: être un homme… beau! Eh oui, aujourd’hui un quart de la clientèle des chirurgiens esthétiques est masculine, soit quatre fois plus qu’il y a quinze ans, et la consommation de produits cosmétiques masculins est en plein boom. (...) pour le psychiatre-psychanalyste Pascal Pierlot, ce retour des critères esthétiques ne serait qu’un nouveau symptôme du malaise masculin. "Aujourd’hui, on assiste à un surinvestissement du corps parallèlement à un sous-investissement de l’esprit, l’éthique, la morale, la philosophie, l’idéologie, etc. Devant l’absence de repères, il est rassurant d’avoir un corps parfait. Au moins, on sait que l’on fait partie du modèle masculin."

source: Sophie Camacho, "Les nouveaux mâles", dossier de L'Opinion indépendante (Toulouse, Fr.), date non précisée (lien désactivé)

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