Réseau Transition Québec (RTQ) et Agora

Michel Durand


L’Agora contribua très tôt à faire connaître le mouvement de Transition au Québec à l’aide d’articles sur son site, l’organisation d’une soirée sur la Transition à Coaticook en décembre 2008 et en facilitant la création du site villesentransition.net qui fut longtemps le point de ralliement des francophones autour de l’idée de Transition. Depuis, des outils essentiels au développement du mouvement au Québec ont été acquis. D’abord, la formation de trois autres formateurs officiels en Transition en juillet 2010 a porté l’équipe à cinq francophones capables de répondre aux demandes pour des formations officielles de deux jours. Puis, en août 2010, paraissait aux Éditions Écosociété le Manuel de Transition (version française du Transition Handbook britannique),si bien reçu en France que deux réimpressions y ont été nécessaires. Ce printemps, 50 personnes ont reçu des formations officielles données pour la première fois en français dans le monde, une autre première Made in Québec ! Nous saluons cette lettre de l’Agora qui souligne l’urgence de (re)prendre le Québec (en mains) et qui met en évidence l’utilité du modèle de Transition pour ce faire.

Le mouvement de Transition est officiellement apolitique – au sens où il ne s’associe à aucun parti politique. Deux raisons principales motivent ce choix : premièrement, parce que les administrations passent en ayant presque toujours une vision à court terme – leur réélection – alors que les Initiatives de Transition entendent réaliser leur projet que l’administration en place y soit favorable ou non et, deuxièmement, parce que les allégeances politiques divisent et que les changements profonds qui sont nécessaires impliquent une mobilisation très large des citoyens au-delà des divisions – nous favorisons une inclusivité maximale. Ce qui n’empêche pas les « transitionnaires » de se préoccuper de la « chose publique », conscients qu’ils sont que les problèmes auxquels ils essaient de faire face leur origine dans une organisation sociale qui dépasse les frontières de la ville ou du quartier. À l’occasion aussi, il est nécessaire de se mobiliser pour faire bouger des administrations qui refusent de collaborer aux initiatives choisies par le mouvement.

L’action collective dont parle Marc Chevrier est possible à plusieurs échelles : de quelques familles ou voisins, d’un quartier ou d’une municipalité ou d’une nation. Le mouvement de Transition a choisi l’échelle locale parce que c’est à ce seul niveau que pourra se développer le type de vivre-ensemble qui nous permettra de sortir de l’individualisme et de la surconsommation qui caractérisent notre société et qui sont à l’origine des problèmes actuels. L’action individuelle – gestes « verts » et préparatifs de survie – a un impact limité et surtout elle poursuit le modèle actuel du chacun pour soi, qui risque une fois encore d’être très éprouvant pour les plus faibles. La Transition table sur le sentiment d’appartenance et l’expérience commune (concrète, festive et conviviale) partagée par les citoyens d’un lieu parce qu’ils seront tous dans le même bateau, au-delà de leurs différences, quand les surprises écologiques, énergétiques et économiques appréhendées arriveront. Il est certain qu'il faut envisager des changements profonds dans nos façons de voir et de faire comme le montrent les textes d'Andrée Mathieu.

Pour l’instant, le nombre de personnes impliquées est insuffisant pour œuvrer d’une façon soutenue et concertée à l’échelle nationale, mais des collaborations ponctuelles existent et les ressources sont disponibles pour offrir à toute coalition et à tout groupe qui le désire une formation au mouvement de Transition. Pour les personnes qui ne peuvent organiser une formation, l’étude du Manuel de Transition représente un bon point de départ. Vous pouvez aussi vous inscrire sur notre liste d’envoi pour recevoir les principales nouvelles et annonces : quebec@villesentransition.net




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